La plateforme de médias sociaux X a désigné un représentant légal au Brésil, faisant un pas important vers la reprise de ses services dans le pays. Cependant, la suspension de ses activités se poursuivra jusqu’à ce qu’elle réponde à des exigences supplémentaires, selon un jugement rendu par un magistrat. Le juge Alexandre de Moraes, membre de la Cour suprême brésilienne, a déclaré dans une décision publiée samedi que X n’avait toujours pas “dûment satisfait” toutes les conditions nécessaires pour mettre fin à l’interdiction. Il a accordé à la plateforme un délai de cinq jours pour soumettre des documents supplémentaires.
Le juge, très en vue, est impliqué dans un long affrontement avec le propriétaire de X, le milliardaire Elon Musk, dans le cadre de son initiative visant à lutter contre la désinformation au Brésil. La suspension de X le mois dernier est survenue après que Musk a refusé de supprimer des dizaines de comptes d’extrême droite accusés de propager de fausses nouvelles, puis n’a pas réussi à nommer un nouveau représentant légal dans le pays, comme l’exigeait le tribunal. Cette confrontation entre la justice brésilienne et le milliardaire iconoclaste a évolué en un combat à enjeux élevés, testant à la fois les limites de la liberté d’expression et la responsabilité des entreprises dans le plus grand pays d’Amérique du Sud.
Moraes a également ordonné à X de payer une amende d’au moins cinq millions de reals (environ 913 000 dollars) pour avoir violé l’ordre de suspension jeudi, lorsque la plateforme est redevenue accessible grâce à une manœuvre technique qui a contourné le blocage du gouvernement. X a nié avoir défié intentionnellement l’interdiction, affirmant que cela résultait d’une conséquence “inadvertante et temporaire” d’un changement de fournisseur de services. Toutefois, la plateforme a ensuite été à nouveau déconnectée. Moraes a déclaré que X avait intentionnellement engagé des efforts “malveillants, illicites et persistants” pour défier la justice brésilienne.
Dans leur affrontement continu, Musk a accusé Moraes d’être un “dictateur maléfique”, tandis que le magistrat a insisté sur le fait que X ne pouvait pas être autorisé à diffuser des informations trompeuses pouvant mettre en danger la démocratie. La suspension a été applaudie par la gauche politique brésilienne soutenant le président Luiz Inácio Lula da Silva, tandis que l’opposition de droite et l’ancien président Jair Bolsonaro l’ont qualifiée de censure inconstitutionnelle.
Moraes a également gelé les actifs de X et de l’opérateur d’internet par satellite de Musk, Starlink, qui opère au Brésil depuis 2022, notamment dans des communautés isolées de l’Amazonie, pour garantir le paiement des amendes imposées au réseau social pour avoir enfreint des ordres judiciaires. Musk a à plusieurs reprises critiqué Moraes dans des publications sur les réseaux sociaux, le qualifiant de “dictateur maléfique” et le surnommant “Voldemort”, du nom du méchant de la série “Harry Potter”. Ce différend souligne le climat tendu et complexe des débats sur la liberté d’expression et les responsabilités des géants du numérique dans la société brésilienne actuelle.